Dans ce village régnait une solidarité, une entente, une amitié hors du commun. Tout le monde partageait les joies et peines des uns et des autres. Les habitants d'Ischy, comme tout homme, aimaient la liberté. Ils ne voulaient pas que leurs enfants souffrent comme ils avaient souffert. Ils souhaitaient que leurs enfants ne connaissent pas la servitude. C'est pourquoi ils ont fui Ischy et se sont réfugiés dans différents pays.
La première migration date du lendemain de la proclamation de la République turque (en 1923). Les réfugiés se sont installés en Irak. Une autre a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale, toujours vers l'Irak.
Mais, dans la deuxième partie du XXe siècle, ces chrétiens d'Ischy se sont rapprochés de l'Occident. D'abord, installation à Istanbul, puis immigration vers l'Europe où ils ont obtenu le statut de réfugiés. La plupart d'entre eux ont acquis la nationalité du pays d'accueil.
Actuellement, la grande majorité des anciens habitants d'Ischy habitent en France, plus particulièrement dans la région parisienne, notamment dans la banlieue nord (Sarcelles, Garges-lès-Gonesse, Villiers-le-Bel, Saint-Brice-sous-Forêt...), dans la banlieue nord-est (Clichy-sous-Bois...). Les "Ischayyé" sont au nombre de 1367, dont 1219 en France, 102 en Irak, 7 en Allemagne, 7 en Autriche, 13 aux États-Unis, 11 au Canada, 5 en Roumanie, et 3 en Suède (16).
À partir de 1983, progressivement, Ischy a été habité par des kurdes, qui se sont approprié les biens des chrétiens. Les kurdes se disputaient pour se partager les biens abandonnés par les Ischayyé. L'église Saint Joseph Hazzaya a été transformée en mosquée.
Comme lorsque le village était habité par les chrétiens, les attaques des rebelles kurdes ont continué. Dans le cadre de la politique menée par le gouvernement turc contre les kurdes, les militaires ont ordonné la destruction totale d'Ischy. Les kurdes ont été contraints d'abandonner à leur tour le village.
Aujourd'hui, selon des sources kurdes, Ischy serait totalement détruit. La partie principale, installée à l'ubac, aurait été démolie sur ordre du gouvernement en août 1993. Celui-ci craignait qu'Ischy devienne un refuge pour les opposants kurdes. L'autre partie, Qarayé, aurait été la proie d'un phénomène naturel. En effet, la falaise qui la surplombait se serait écroulée, recouvrant Qarayé entièrement.
Tout cela est arrivé quelque temps après le départ des Chaldéens de ce village.
N'est-ce pas révélateur ?
