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ARAMÉEN D'EMPIRE

Les rois phéniciens, égyptiens et perses correspondaient en araméen. Grâce à cette diffusion extraordinaire, il a donné naissance à plusieurs dialectes. Quand Cyrus prend Babylone en 539 av. J.-C., il décrète l’araméen comme langue officielle de son empire, allant du Nil à l'Indus. Ainsi, l'araméen fut parlé de l'Égypte jusqu'en Afghanistan, en superposant les autres langues parlées localement sans les détruire.

L'araméen s'implanta dans le royaume d'Israël. Une partie de l'Ancien Testament a été rédigée directement en araméen, c'est le cas des livres d'Esdras et de Daniel. Le Talmud(10) de Babylone a été écrit dans un dialecte araméen, celui de Jérusalem dans un autre.

En Palestine, l'araméen était la langue unique et quotidienne du peuple juif. L'hébreu fut relégué au rang de langage liturgique et littéraire. Jésus et les Apôtres parlaient l'araméen. Le peuple ne parlant plus hébreu, la Bible fut traduite en araméen. Ces traductions ont été appelées "Targums"(11). Les paroles de l'Évangile qui ont été transmises dans leur prononciation originale sont toutes dites en araméen récent(12).

Après la conquête de l'Orient par Alexandre le Grand, le grec remplace l'araméen comme langue officielle. Déchu du rang qu'il occupait, l'araméen va désormais évoluer de façon plus souple et se diversifier selon les régions où il est parlé. L'écriture va connaître la même évolution. L'alphabet araméen est à l'origine de l'hébreu usuel, de l'hébreu dit "carré", de l'arabe et des écritures du sous-continent indien.

À partir de l'ère chrétienne, l'araméen s'affirme sous la forme de trois dialectes principaux :

- Le judéo-babylonien : langue du Talmud de Babylone.

- Le mandéen : langue des Mandéens et Sabéens dans la région de Bassora en Irak.



L'alphabet araméen
L'alphabet araméen

- L'édessien ou l'araméen d'Édesse : langue des communautés chrétiennes de Mésopotamie et de Syrie. Il fut alors appelé syriaque. À l'intérieur de cette forme, on distingue le syriaque occidental : langue des monophysites sous souveraineté romaine puis byzantine et le syriaque oriental : langue des Nestoriens sous souveraineté perse. Ces deux dialectes se différencient par la prononciation finale des substantifs, respectivement en -o et -a. Cet araméen est parlé par tous les chrétiens convertis par l'Église d'Orient. La stèle de Sin-an-Fu (VIIIe siècle), en bilingue (syriaque-chinois), est un témoin de cette extension.



(10) Talmud : mot hébreu "étude, doctrine", c'est un recueil des enseignements des grands rabbins, conservés dans deux collectifs inégaux dits Talmud de Jérusalem et de Babylone.
(11) Targums : ce sont les traductions de la Bible en araméen.
(12) Notamment les expressions suivantes : "Talitha qoumi", "Jeune fille, lève-toi", Marc V, 41. "Eli Eli lema chabaqtani", "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?", Matthieu XXVII, 46.